Le petit poucet
Didier jeunesse / 2014
Auteur·rice : Jean-Pierre Kerloc'h
L’extrait
« -Arrêtez vos jérémiades, bande d’empotés.
Je connais quelqu’un qui va vous ramener à la maison.
-Qui ?
-Moi ?
-Toi !
-Oui.
-Tu es bien trop petit…
-Vous apprendrez qu’un petit dégourdi vaut mieux que six grands ahuris. »
Le contenu
Cet échange verbal tonique entre le Petit Poucet et ses frères donne le la à cette réécriture du célèbre conte de Charles Perrault. Le texte d’origine est ici passé au crible du style très rythmé, pétillant et drôle de J-P Kerloc’h.
« Encore une énième réécriture du conte » seriez-vous tentés de penser. Et bien détrompez-vous : ce court texte, s’il rend parfaitement hommage au conte original, a su en tirer « la substantifique moelle » dirait Montaigne et l’agrémenter de ressorts narratifs très actuels que constituent l’enchaînement rapide et cohérent des péripéties, des dialogues concis et percutants, ainsi que le portrait de personnages imaginaires bons ou mauvais hauts en couleurs ! Par rapport au texte d’origine, la syntaxe a certes été simplifiée et modernisée, mais l’auteur s’ingénie et s’amuse à utiliser un vocabulaire très varié et riche, où le registre courant côtoie le registre soutenu pour le plus grand plaisir du (jeune) lecteur. La part belle est donc laissée au personnage truculent du Petit Poucet, qui n’a guère la langue dans sa poche.
Le Petit Poucet de J-P Kerloc’h s’inscrit de fait parfaitement dans la ligne éditoriale de la collection « Il était une (mini) fois » (Didier Jeunesse) puisque cet auteur propose à des jeunes lecteurs à partir de 8 ans, à travers ce roman publié en format poche, une version « écourtée avec respect » de ce classique de la littérature européenne. Cette collection lancée en janvier 2014 propose en outre d’autres réécritures ou adaptations de contes célèbres, telles que Dame Hiver ou La petite sirène. Dans ces courts romans aux couvertures colorées, l’accent est mis à la fois sur l’humour et sur la propension du texte à être lu à haute voix.
Un conte à (re)découvrir donc à travers une réécriture très réussie
Adélaïde Guillou et Hélène Dargagnon