Les premières lignes

J’AI TOUJOURS EU PEUR.

Comme si vivre s’apparentait à traverser une jungle hostile la nuit. Une lente procession où il est impossible de savoir où l’on pose les pieds et durant laquelle, à tout instant, une bête sauvage peut se jeter sur nous.

Dès le plus jeune âge, mon esprit a developpé une disposition étonnante à imaginer tous les dangers pouvant se dresser devant moi. En voiture, à chaque carrefour, j’anticipais un impact possible : un bus grillant le feu rouge et nous percutant à pleine vitesse. Inventer le pire, c’était, me semblait-il, m’y préparer pour survivre.

Une peur en remplaçait une autre dans un ballet incessant et inéluctable.

Et puis, les peurs devinrent La Peur.

Le contenu

Quand une famille atypique part en vacances dans un chalet situé dans une forêt reculée dans les montagnes de l’Oregon avec une autre famille atypique, cela donne lieu, vous vous en douterez, à des aventures pour le moins extraordinaires ! Les épreuves que vont subir ensemble Lia adolescente en pleine crise et son frère Marcus dont les tocs obsessionnels rendent la vie de son entourage et la sienne propre très difficiles, ainsi que les jumeaux Paul et Mary et leur grand frère trisomique Sam, marqueront à jamais le destin de ses jeunes gens.

Résumer ce roman à son seul contenu serait une hérésie tant son intérêt et sa spécificité résident dans sa construction dramatique. Avec rigueur, ingéniosité et suspense, Mathieu Robin propose un roman d’aventures teinté de fantastique qui satisfera sans nul doute la soif de sensations fortes des jeunes lecteurs. Décharge d’adrénaline assurée en effet. Le portait psychologique très affiné que brosse le narrateur des personnages, l’enchaînement implacable des événements divers qui vont confiner les adolescents dans ce chalet et un arrière-plan spatio-temporel empreint de légendes indiennes anciennes emmènent dès les premiers chapitres les lecteurs.

Les éditions Actes Sud publient ainsi un captivant roman d’aventures au suspense haletant dont la construction narrative témoigne d’une écriture exigeante et travaillée.

Hélène Dargagnon