Le livre de Catherine
Ecole des loisirs / 1998
Auteur·rice : Karen Cushman
Faits et gestes :
« Le livre de Catherine » pourrait avoir pour devise :
« On ne parle bien que de ce que l’on aime ou de ce que l’on hait ». Car Catherine l’héroïne du livre qui porte son nom, aime et déteste sans vergogne !
Voilà l’histoire : un seigneur nourrit le projet de marier sa fille et cherche à conclure une bonne alliance matrimoniale. Un mariage arrangé pour agrandir le patrimoin foncier est chose courante au Moyen Age. Surmontant les inévitables bassesses et médiocrités des prétendants, Catherine cherche par tous les moyens à faire échec aux velléités de mariage de son père.
Tout le corps du récit est ramassé dans un journal tenu par Catherine, une jeune fille de quatorze ans, véritable garçon manqué. Et pour mieux nous faire apprécier la vie médiévale, Catherine commence par nous donner une succession de journées dans le tissu de la vie d’une famille de la petite noblesse anglaise. Le journal est aussi un almanach : les faits se succèdent jour par jour accolés aux saints du jour. Les remarques de Catherine s’écrivent en dessous pénétrantes et savoureuses.
La vie au manoir, la couleur de l’existence des gens qui y vivent sont brossées à petits traits resserrés. Et leur vie en 1290 est particulièrement difficile.
Le lecteur est tout suite intégré à l’histoire. Il participe à la vie de l’héroïne et juge du point de vue de Catherine. Catherine ne veut pas se marier pour convenance paternelle, elle réplique par un humour lucide encore tout baigné de candeur malgré une verdeur de pensée.
C’est une héroïne fière et attendrissante, assouvissant dans une critique acerbe de son milieu, l’impossibilité pour une jeune fille de bonne famille de faire comme bon lui semble et surtout choisir son mari !
Signes particuliers :
L’écrivain est en totale familiarité avec son sujet, avec l’époque, qu’elle décrit : le Moyen Age, si bien connu et si peu dépeint en littérature de jeunesse.
D’où la richesse du contexte. D’où cette abondance de portraits , d’attitudes si justement campés, de croquis et de tableaux savoureux. Il y a en quelques pages extraordinaires, un tableau vivant de la société rurale de l’époque qui sert de toile de fond active et la lucidité de Catherine s’exerce sur cette confusion vivante des mœurs et des coutumes, des misères et des injustices.
L’œuvre est puissante à la fois par les bonheurs et les drames et par l’originalité de sa formule : le journal.
C’est un beau livre, une fresque moyenâgeuse d’une extraordinaire modernité !
En 2002 que peut apporter la lecture d’un tel roman ?
D’abord une incomparable restitution du temps passé, ce temps passé dont on aurait plus aucun souvenir si de tels livres n’existaient pas.
D’autre part, ce qui donne tant de prix à ce roman, c’est sa double qualité de romanesque et d’historique ; la jeune fille qui écrit ici pour notre plaisir et peut-être notre compréhension plus attentive d’une époque, est elle-même très attentive au relief et à la saveur du monde et des êtres qui l’entourent. Le lecteur ne peut manquer de se trouver en sympathie avec celle qui se raconte dans ces pages car ses descriptions, ses confessions ou ses aveux sont ceux de quelqu’un qui avance, qui cherche, qui découvre, qui aime ou se détourne.
Marie José Klein, bibliothécaire
« Le livre de Catherine » pourrait avoir pour devise :
« On ne parle bien que de ce que l’on aime ou de ce que l’on hait ». Car Catherine l’héroïne du livre qui porte son nom, aime et déteste sans vergogne !
Voilà l’histoire : un seigneur nourrit le projet de marier sa fille et cherche à conclure une bonne alliance matrimoniale. Un mariage arrangé pour agrandir le patrimoin foncier est chose courante au Moyen Age. Surmontant les inévitables bassesses et médiocrités des prétendants, Catherine cherche par tous les moyens à faire échec aux velléités de mariage de son père.
Tout le corps du récit est ramassé dans un journal tenu par Catherine, une jeune fille de quatorze ans, véritable garçon manqué. Et pour mieux nous faire apprécier la vie médiévale, Catherine commence par nous donner une succession de journées dans le tissu de la vie d’une famille de la petite noblesse anglaise. Le journal est aussi un almanach : les faits se succèdent jour par jour accolés aux saints du jour. Les remarques de Catherine s’écrivent en dessous pénétrantes et savoureuses.
La vie au manoir, la couleur de l’existence des gens qui y vivent sont brossées à petits traits resserrés. Et leur vie en 1290 est particulièrement difficile.
Le lecteur est tout suite intégré à l’histoire. Il participe à la vie de l’héroïne et juge du point de vue de Catherine. Catherine ne veut pas se marier pour convenance paternelle, elle réplique par un humour lucide encore tout baigné de candeur malgré une verdeur de pensée.
C’est une héroïne fière et attendrissante, assouvissant dans une critique acerbe de son milieu, l’impossibilité pour une jeune fille de bonne famille de faire comme bon lui semble et surtout choisir son mari !
Signes particuliers :
L’écrivain est en totale familiarité avec son sujet, avec l’époque, qu’elle décrit : le Moyen Age, si bien connu et si peu dépeint en littérature de jeunesse.
D’où la richesse du contexte. D’où cette abondance de portraits , d’attitudes si justement campés, de croquis et de tableaux savoureux. Il y a en quelques pages extraordinaires, un tableau vivant de la société rurale de l’époque qui sert de toile de fond active et la lucidité de Catherine s’exerce sur cette confusion vivante des mœurs et des coutumes, des misères et des injustices.
L’œuvre est puissante à la fois par les bonheurs et les drames et par l’originalité de sa formule : le journal.
C’est un beau livre, une fresque moyenâgeuse d’une extraordinaire modernité !
En 2002 que peut apporter la lecture d’un tel roman ?
D’abord une incomparable restitution du temps passé, ce temps passé dont on aurait plus aucun souvenir si de tels livres n’existaient pas.
D’autre part, ce qui donne tant de prix à ce roman, c’est sa double qualité de romanesque et d’historique ; la jeune fille qui écrit ici pour notre plaisir et peut-être notre compréhension plus attentive d’une époque, est elle-même très attentive au relief et à la saveur du monde et des êtres qui l’entourent. Le lecteur ne peut manquer de se trouver en sympathie avec celle qui se raconte dans ces pages car ses descriptions, ses confessions ou ses aveux sont ceux de quelqu’un qui avance, qui cherche, qui découvre, qui aime ou se détourne.
Marie José Klein, bibliothécaire
2003
Récit de vie