Les premières lignes

« J'ai téléphoné ce matin. La voix à l'autre bout m'a répondu quatorze heures. La maison de santé est à vingt kilomètres. En pleine campagne. Sûrement des champs à perte de vue ou mieux, la forêt ou encore mieux, le bord de la mer. Mais près d'ici il ne faut pas compter sur la mer. L'océan, c'est plusieurs heures de voiture. J'ai cherché des photos sur Internet pour voir à quoi ça ressemblait mais je n'ai rien trouve. Juste l'adresse et le téléphone. »


Le contenu

La mère de Paul, souffrant de troubles bipolaires, a été hospitalisée en hôpital psychiatrique après une nouvelle tentative de suicide. Et Paul, onze ans, pédale vers sa mère. Le jeune garçon appréhende cette visite, et les questions tournent dans sa tête : dans quel état va-t-il la trouver et que vont-ils bien pouvoir se dire ? Mais il a besoin de sortir de sa tristesse et du silence de son père. Il a terriblement besoin de voir sa mère, de partager des moments de complicité avec elle, même s'il faut fuir avec elle et la suivre dans ses délires pour être pleinement son fils.

A l'aide de phrases courtes et par une belle écriture, fine et sensible, Benoît Broyart nous plonge au cœur des pensées d'un jeune garçon confronté à la maladie de sa mère.
Tout nous est dit sur cette maman différente des autres à travers les souvenirs et les réflexions de son fils : ce qu'il déteste dans l'attitude de sa mère qui lui fait régulièrement honte, sa soif d'amour, de gestes tendres, mais aussi de reconnaissance de la part de cette maman trop souvent défaillante et avec qui rien n'est jamais normal.
Sans pathos, mais avec beaucoup de justesse, Benoît Broyart évoque un sujet difficile, mais qui correspond à une réalité pour certains de nos élèves.

Christine Enguehard