Hansel et Gretel
Mosquito / 2013
Auteur·rice :
Illustrateur·rice : Jean-Louis Le Hir
Le contenu
« Hänsel & Gretel », conte publié par les frères Grimm dans leur premier recueil des « Contes de l’enfance et du foyer » en 1812, est, parmi les contes qu’ils ont redus très populaires, l’un des les plus célèbres, maintes fois repris, adapté et illustré.
Il est vrai que la matière y est riche et spectaculaire, le motif central étant celui des enfants abandonnés. Le frère et la sœur, Hänsel et Gretel, tout comme le Petit Poucet, ne peuvent en effet compter que sur eux-mêmes pour survivre, face à des parents déterminés à les perdre au cœur de la forêt inhospitalière. C’est seuls qu’ils doivent ensuite affronter la sorcière anthropophage qui habite la maison piège destinée à attirer les enfants perdus.
Pourtant, ici, le père, bûcheron de son état, est un homme aimant. Mais devant l’opiniâtreté et la méchanceté de sa femme, la marâtre, il cède pour préserver la paix conjugale et sacrifie ses enfants.
Mosquito a publié une nouvelle adaptation de ce conte cruel, signée Louis Le Hir. On a pu découvrir le magnifique travail de cet auteur avec l’album « Clown » (Mosquito, toujours, 2011) racontant comment ce personnage solitaire, appelé Clown, devient père en recueillant et élevant un bébé, qui deviendra sa Zoé. Une première histoire qui, déjà, parlait d’une enfant abandonnée !
Ce deuxième album de Le Hir est une merveille.
C’est une adaptation qui ne gomme ni la peur et le désarroi des enfants, ni la lâcheté de leur père, la méchanceté de la marâtre et la férocité de la sorcière. Ces sentiments et ces comportements sont bien présents dans l’album, mais de manière délicate, non pas à travers les dialogues ou les récitatifs – peu nombreux d’ailleurs, mais par le dessin et le découpage. Le Hir excelle à montrer des visages expressifs - en très gros plans parfois, des corps tendus ou accueillants. Il installe les ambiances et les tensions dramatiques par le contraste des couleurs.
La première partie de l’album, retraçant la décision des parents, le premier voyage dans la forêt et le retour des enfants à la maison grâce aux cailloux semés sur le chemin, est d’une tonalité sombre, que les scènes soient d’intérieur ou que l’action se situe dans le bois où rôdent les loups, chichement éclairé par le feu ou la lune. Les trois planches suivantes, où le père part seul avec ses enfants vendre du bois à la ville, offrent aux lecteurs une belle respiration. Malgré la neige et le chemin difficile, il y a de la joie, de l’amour, de la musique et de la clarté. On sent le plaisir que les trois personnages ont à être ensemble. Les enfants peuvent être des enfants, ils peuvent jouer et s’émerveiller.
Contrastes encore dans la seconde partie, lorsqu’Hänsel et Gretel parviennent à la maison en pain d’épice. Contraste entre le dehors, lieu enchanteur paré de couleurs vives, de fleurs et de papillons, et le dedans, où les pages noircissent, où les couleurs crient, où la sorcière polymorphe, tout en angles et en crocs, tourne autour de ses futures proies. Les planches verticales, les vignettes étroites qui étriquent les décors, soulignent l’épreuve de la montée de l’escalier et la liberté perdue.
Pour le dénouement, le dessinateur s’offre quelques libertés bienvenues et imagine pour ses deux très beaux personnages des moyens de transport singuliers qui leur redonnent le sourire, tout comme à nous, lecteurs.
Le Hir nous offre ici un véritable travail d’orfèvre, délicat et sensible. Il travaille à présent à la suite de « Clown ». Ā suivre donc, de très près.
Catherine Gentile
« Hänsel & Gretel », conte publié par les frères Grimm dans leur premier recueil des « Contes de l’enfance et du foyer » en 1812, est, parmi les contes qu’ils ont redus très populaires, l’un des les plus célèbres, maintes fois repris, adapté et illustré.
Il est vrai que la matière y est riche et spectaculaire, le motif central étant celui des enfants abandonnés. Le frère et la sœur, Hänsel et Gretel, tout comme le Petit Poucet, ne peuvent en effet compter que sur eux-mêmes pour survivre, face à des parents déterminés à les perdre au cœur de la forêt inhospitalière. C’est seuls qu’ils doivent ensuite affronter la sorcière anthropophage qui habite la maison piège destinée à attirer les enfants perdus.
Pourtant, ici, le père, bûcheron de son état, est un homme aimant. Mais devant l’opiniâtreté et la méchanceté de sa femme, la marâtre, il cède pour préserver la paix conjugale et sacrifie ses enfants.
Mosquito a publié une nouvelle adaptation de ce conte cruel, signée Louis Le Hir. On a pu découvrir le magnifique travail de cet auteur avec l’album « Clown » (Mosquito, toujours, 2011) racontant comment ce personnage solitaire, appelé Clown, devient père en recueillant et élevant un bébé, qui deviendra sa Zoé. Une première histoire qui, déjà, parlait d’une enfant abandonnée !
Ce deuxième album de Le Hir est une merveille.
C’est une adaptation qui ne gomme ni la peur et le désarroi des enfants, ni la lâcheté de leur père, la méchanceté de la marâtre et la férocité de la sorcière. Ces sentiments et ces comportements sont bien présents dans l’album, mais de manière délicate, non pas à travers les dialogues ou les récitatifs – peu nombreux d’ailleurs, mais par le dessin et le découpage. Le Hir excelle à montrer des visages expressifs - en très gros plans parfois, des corps tendus ou accueillants. Il installe les ambiances et les tensions dramatiques par le contraste des couleurs.
La première partie de l’album, retraçant la décision des parents, le premier voyage dans la forêt et le retour des enfants à la maison grâce aux cailloux semés sur le chemin, est d’une tonalité sombre, que les scènes soient d’intérieur ou que l’action se situe dans le bois où rôdent les loups, chichement éclairé par le feu ou la lune. Les trois planches suivantes, où le père part seul avec ses enfants vendre du bois à la ville, offrent aux lecteurs une belle respiration. Malgré la neige et le chemin difficile, il y a de la joie, de l’amour, de la musique et de la clarté. On sent le plaisir que les trois personnages ont à être ensemble. Les enfants peuvent être des enfants, ils peuvent jouer et s’émerveiller.
Contrastes encore dans la seconde partie, lorsqu’Hänsel et Gretel parviennent à la maison en pain d’épice. Contraste entre le dehors, lieu enchanteur paré de couleurs vives, de fleurs et de papillons, et le dedans, où les pages noircissent, où les couleurs crient, où la sorcière polymorphe, tout en angles et en crocs, tourne autour de ses futures proies. Les planches verticales, les vignettes étroites qui étriquent les décors, soulignent l’épreuve de la montée de l’escalier et la liberté perdue.
Pour le dénouement, le dessinateur s’offre quelques libertés bienvenues et imagine pour ses deux très beaux personnages des moyens de transport singuliers qui leur redonnent le sourire, tout comme à nous, lecteurs.
Le Hir nous offre ici un véritable travail d’orfèvre, délicat et sensible. Il travaille à présent à la suite de « Clown ». Ā suivre donc, de très près.
Catherine Gentile
13 euros
2014
4è
Bande dessinée