Les vilains petits

Les vilains petits

Les vilains petits

Editions théâtrales / 2014

Auteur·rice : Catherine Verlaguet

Résumé

Les premières répliques

LUNDI

Sonnerie
Cour d’école. Cartables sur les épaules.

MAYA.- Valentin ?
VALENTIN.- J’suis là !
MAYA.-J’l’ai fait.
VALENTIN.- Quoi ?
MAYA.-J’suis montée.
VALENTIN.-Où ça ?
MAYA.-A l’arbre !
VALENTIN.-T’es folle !
MAYA.-C’est pas si haut !
VALENTIN.-Quand ça ?
MAYA.-Vendredi, après l’école, quand tout le monde partait et que ma mère était en retard.
VALENTIN.-Et les maîtres et les maîtresse ?
MAYA.-Au portail, tu sais ! Avec les parents.


Le contenu

Valentin, Maya et Loan, tous trois âgés de 8 ans, fréquentent la même école et se décrivent comme des amis « tranquilles ». Quand la maîtresse leur annonce l’arrivée de Malone dans la classe, lequel a été vraisemblablement renvoyé de l’établissement voisin pour s’être battu, l’équilibre du trio s’en voit à jamais chamboulé. Leur amitié devient chancelante. Surviennent soudain alliances et désunions. Les taquineries d’avant se transforment en brimades cinglantes : l’on élit un Roi en la personne de Malone et, à la même occasion, un souffre-douleur (Valentin est pour cela le parfait candidat). Le lecteur assiste alors impuissant à la progressive destruction d’une amitié sincère et vraie. Un ultime rebondissement viendra réanimer, pour le meilleur et pour le pire, la camaraderie d’antan…


Cette pièce contemporaine décrit très finement les modes d’interaction des enfants à l’école, les stratégies d’évitement, de rejet ou, au contraire, de séduction et de connivence entre pairs. En même temps qu’elle les évoque, elle les questionne et invite le jeune lecteur-spectateur à également s’interroger : comment s’intégrer dans un groupe et conserver sa personnalité? Comment accepter l’autre tout en restant soi-même ? Comment être soi et accepter que l’autre soit différent ?
Catherine Verlaguet a choisi, comme « espace scénique », la cour d’école, afin de laisser évoluer ses 4 jeunes personnages, lieu par excellence où la cruauté naturelle des enfants s’exprime. Et que nous donne-t-elle à voir ? Des enfants qui hésitent, doutent, se méfient, rejettent, insultent mais également s’amusent, inventent, protègent et aiment. La force de cette pièce de théâtre réside dans le fait que l’auteure, comme le lecteur-spectateur, ne prend jamais parti pour tel ou tel personnage. On ne peut jamais entièrement condamner ou à l’inverse valoriser Maya par exemple, plus que Malone, ou Loan plus que Valentin, car chacun recèle une part d’ombre et de lumière. Eviter tout manichéisme, éviter de séparer ces personnages en « gentils » ou « vilains ». Voilà le message qu’essaie de transmettre cette pièce, à travers une construction dramatique qui va crescendo, ainsi que des dialogues très vifs et extrêmement métaphoriques, desquels émergent des portraits psychologiques touchants de vraisemblance.
Adulte, on ne ressort d’ailleurs pas « indemne » de la lecture d’une telle pièce, tant elle nous renvoie, comme un miroir, des comportements que l’on a pu avoir ou subir enfants, et tant elle met en exergue notre difficulté naturelle à vivre en société.


Cette pièce de Catherine Verlaguet a reçu, en 2010, le prix « Molière jeune public ».

Hélène Dargagnon

8 euros


Théâtrales jeunesse

2015
Sélection en anglais
Théâtre