Les premières lignes

- Je n’aime pas le sport !
Zouz a renfrogné son visage, sa bouche est toute serrée et ses poings ont tapé sur la table, faisant sauter son assiette de coquillettes. Sa maman lâche sa fourchette :
- On ne te demande pas si tu aimes le sport, on te demande d’aller en faire. Un point, c’est tout.

Le contenu

Parce qu’il a un peu d’embonpoint, Zouz va devoir faire du sport. Il n’a pas le choix, c’est une obligation. Le verdict est tombé : sa mère l’a inscrit à l’entraînement de foot le mercredi après-midi. Sauf que le foot, c’est vraiment pas son truc à Zouz. Il court dans tous les sens et ne comprend rien aux règles, au grand dam de son équipe. Le mercredi suivant, sa mère le traine cette fois au handball. Mais l’expérience n’est guère plus satisfaisante : l’entraîneuse, Heidi, hurle à tout bout de champ dans le gymnase et enchaîne les exercices à une vitesse étourdissante si bien que Zouz en perd son souffle et ses moyens. Dernier supplice, la séance de tirs au but, lors de laquelle Zouz se laisse canarder, finit d’achever sa carrière de handballeur en herbe. Le mercredi suivant, Zouz participe donc à un cours d’aérobic. Entouré d’enfants ayant la même corpulence que lui, Zouz se sent mieux dans cette activité animée par une dame très gentille, Ghislaine. Pourtant quand il se met à danser, ses mouvements désynchronisés font rire ses camarades. Pour Zouz, c’est l’ultime humiliation : il s’écroule en larmes dans les bras de Ghislaine qui sait trouver les mots pour le réconforter. La semaine suivante, Zouz est assez surpris lorsque sa mère l’emmène non pas sur un stade, ni même sur un ring, mais dans une salle où il va passer l’après-midi à faire des mimes et des saynètes.
Cette fois, c’est réussi, Zouz a trouvé une activité qui le passionne. Et ce n’est pas le sport : c’est le théâtre !

Avec une pointe d’ironie et une tonalité humoristique tout en finesse, l’auteur bouscule la valeur de performance qui est souvent véhiculée par le milieu sportif. Si l’histoire de Zouz est si attachante et attendrissante, c’est certainement parce que c’est avant tout une histoire de différence et de singularité. Rondouillard, pas sportif pour deux sous, hors-normes selon les codes de notre société contemporaine, Zouz parvient cependant, grâce à la pratique du théâtre, à trouver un peu de chaleur dans ce monde un peu brut. Le jeu théâtral lui permet de se désinhiber, de laisser aller ses émotions et de les canaliser pour susciter le rire et les larmes de ses camarades spectateurs.
Si Thomas Gornet sait transcrire les sentiments de son jeune personnage, l’illustratrice Clothilde Delacroix les met parfaitement en images, en esquissant symboliquement le ressenti de Zouz. Plus que le choix d’une activité sportive qui convient, ce roman vient subtilement poser la question des choix de vie. Comment se faire une place parmi les autres, comment trouver sa v(o)ie ? Une jolie leçon de vie, pleine d’espoir, qui met aussi en avant les vertus, toujours trop méconnues, du théâtre.

Marie Morette