Petit frère
Mango (Autres mondes) / 2003
Auteur·rice : Christophe Lambert
Premières lignes
" Andrew Martin se sentait à la fois l'acteur et le spectateur d'un effroyable cauchemar.
Acteur, car s'il s'agissait bien de David, son fils, que les médecins essayaient de réanimer de l'autre côté de ce couloir blanc cassé. Spectateur, car son sentiment d'irréalité était tel qu'il voyait la scène de l'extérieur, comme s'il regardait un épisode de Denver Hospital diffusé au ralenti ! Les gestes et les voix des brancardiers, des infirmières, paraissaient freinés par une substance gélatineuse."
Résumé
Christophe Lambert s'est déjà intéressé au problème du clonage dans un autre roman paru en février 2002 dans la même collection, sous le titre "Clone connexion".
Ce thème a également fait la Une de l'actualité il y a quelques mois avec l'affaire de la secte des Raéliens qui affirmait, par le truchement de l'un de ses dirigeants, la biochimiste Brigitte Boisselier, que la société Clonaid venait de cloner un être humain et que la secte se proposait, moyennant finances naturellement, d'aider les familles ayant perdu un des leurs.
C. Lambert s'empare donc de ce fait divers très médiatique et entraîne ses héros au sein d'une secte et d'un lieu parfaitement clos et contrôlé : la Nouvelle-Arkham, avec une référence très explicite à Lovercraft. (Encore que nos jeunes lecteurs ne sont pas forcément très familiers de cet auteur.)
Le très grand intérêt de ce roman est la manière efficace dont Lambert explique le fonctionnement d'une secte et la manière dont des personnes saines d'esprit au demeurant peuvent se laisser prendre dans ses filets.
Prenons donc une famille, les Martin, appartenant à la classe moyenne américaine et dotée de revenus confortables, qui vient de subir un traumatisme épouvantable : la mort par noyage de leur fils de dix ans. Leur douleur, le sentiment d'injustice, d'incompréhension qu'ils éprouvent alors les fragilisent considérablement. Ils sont alors prêts à accepter l'impensable et l'extravagant :le clonage de David, une dépense de 200 000 dollars, un déménagement après avoir coupé tous les ponts derrière eux, et leur installation dans un village dont l'emplacement doit être tenu secret pour y vivre en huis clos. Seule Kimberley, adolescente de quinze ans et sœur de David, fait preuve d'un solide bon sens dont elle ne se départira pas
Le discours et l'attitude des médecins qu'ils rencontrent sont rassurants : ces hommes ont une apparence très respectable et des arguments qui ne peuvent que toucher les parents endeuillés et anesthésiés par l'alcool ou les médicaments.
Lambert montre ensuite fort bien les processus mis en place, qui sont toujours les mêmes, pour accrocher définitivement les nouvelles recrues : séduction et dépendance ; chaleur de l'accueil, poids et rôle de la communauté, importance du secret, choix très précis et symbolique des mots employés, mélange de jargons pseudo scientifique et religieux. La cérémonie de remise de leur nouveau fils, que le professeur Garland, le "scientifique" qui a mis au point le procédé de clonage, nomme le ressuscité, est très ritualisée et Garland y fait figure de prophète ou de sauveur. Les responsables de la Nouvelle-Arkham proposent ensuite aux résidents toutes sortes de programmes destinés, officiellement, à améliorer leur mieux-être : relaxation, cuisine et régimes très particuliers, hypnose, enseignement, séduction …
Enfin, quand cette mécanique si soigneusement mise au point s'enraye et que le doute s'installe, quand la famille Martin, grâce à leur fille et à David qui est loin d'être la réplique du premier mais qui est doté d'une personnalité différente bien à lui, finit par comprendre dans quel piège ils ont été attirés, la secte n'a plus qu'un recours : la force et la mise à mort.
Critique
Ce nouveau roman de c. Lambert, à la narration fluide, est donc excellent à plus d'un titre et pourra être apprécié par un public très large et pour différentes raisons. Petit frère peut se lire comme un roman de science-fiction : un humain meurt et la science est à même de le reproduire ; comme un roman d'action : les péripéties y sont nombreuses et le dénouement réussi ; comme une réflexion pour ceux qui veulent aller plus loin sur les méthodes des sectes, l'idéologie néo-nazie et les théories racistes professées par certains groupuscules disséminées un peu partout dans notre monde.
Elèves concernés
4ème – 3ème – lycée
Mots clés
Science-fiction – Clonage - Secte
Pistes d'écriture
1 – Les Martin ont perdu leur fils, David, et ils ont accepté ensuite qu’un clone de leur fils soit fabriqué.
Que pensez-vous de leur décision ? L’approuvez-vous ? La condamnez-vous ?
2 – David, l’enfant clone, tient un journal, où il se raconte et où il raconte sa vie dans sa famille. Imaginez quelques pages de son journal : Journal d’un clone …
Catherine Gentile
" Andrew Martin se sentait à la fois l'acteur et le spectateur d'un effroyable cauchemar.
Acteur, car s'il s'agissait bien de David, son fils, que les médecins essayaient de réanimer de l'autre côté de ce couloir blanc cassé. Spectateur, car son sentiment d'irréalité était tel qu'il voyait la scène de l'extérieur, comme s'il regardait un épisode de Denver Hospital diffusé au ralenti ! Les gestes et les voix des brancardiers, des infirmières, paraissaient freinés par une substance gélatineuse."
Résumé
Christophe Lambert s'est déjà intéressé au problème du clonage dans un autre roman paru en février 2002 dans la même collection, sous le titre "Clone connexion".
Ce thème a également fait la Une de l'actualité il y a quelques mois avec l'affaire de la secte des Raéliens qui affirmait, par le truchement de l'un de ses dirigeants, la biochimiste Brigitte Boisselier, que la société Clonaid venait de cloner un être humain et que la secte se proposait, moyennant finances naturellement, d'aider les familles ayant perdu un des leurs.
C. Lambert s'empare donc de ce fait divers très médiatique et entraîne ses héros au sein d'une secte et d'un lieu parfaitement clos et contrôlé : la Nouvelle-Arkham, avec une référence très explicite à Lovercraft. (Encore que nos jeunes lecteurs ne sont pas forcément très familiers de cet auteur.)
Le très grand intérêt de ce roman est la manière efficace dont Lambert explique le fonctionnement d'une secte et la manière dont des personnes saines d'esprit au demeurant peuvent se laisser prendre dans ses filets.
Prenons donc une famille, les Martin, appartenant à la classe moyenne américaine et dotée de revenus confortables, qui vient de subir un traumatisme épouvantable : la mort par noyage de leur fils de dix ans. Leur douleur, le sentiment d'injustice, d'incompréhension qu'ils éprouvent alors les fragilisent considérablement. Ils sont alors prêts à accepter l'impensable et l'extravagant :le clonage de David, une dépense de 200 000 dollars, un déménagement après avoir coupé tous les ponts derrière eux, et leur installation dans un village dont l'emplacement doit être tenu secret pour y vivre en huis clos. Seule Kimberley, adolescente de quinze ans et sœur de David, fait preuve d'un solide bon sens dont elle ne se départira pas
Le discours et l'attitude des médecins qu'ils rencontrent sont rassurants : ces hommes ont une apparence très respectable et des arguments qui ne peuvent que toucher les parents endeuillés et anesthésiés par l'alcool ou les médicaments.
Lambert montre ensuite fort bien les processus mis en place, qui sont toujours les mêmes, pour accrocher définitivement les nouvelles recrues : séduction et dépendance ; chaleur de l'accueil, poids et rôle de la communauté, importance du secret, choix très précis et symbolique des mots employés, mélange de jargons pseudo scientifique et religieux. La cérémonie de remise de leur nouveau fils, que le professeur Garland, le "scientifique" qui a mis au point le procédé de clonage, nomme le ressuscité, est très ritualisée et Garland y fait figure de prophète ou de sauveur. Les responsables de la Nouvelle-Arkham proposent ensuite aux résidents toutes sortes de programmes destinés, officiellement, à améliorer leur mieux-être : relaxation, cuisine et régimes très particuliers, hypnose, enseignement, séduction …
Enfin, quand cette mécanique si soigneusement mise au point s'enraye et que le doute s'installe, quand la famille Martin, grâce à leur fille et à David qui est loin d'être la réplique du premier mais qui est doté d'une personnalité différente bien à lui, finit par comprendre dans quel piège ils ont été attirés, la secte n'a plus qu'un recours : la force et la mise à mort.
Critique
Ce nouveau roman de c. Lambert, à la narration fluide, est donc excellent à plus d'un titre et pourra être apprécié par un public très large et pour différentes raisons. Petit frère peut se lire comme un roman de science-fiction : un humain meurt et la science est à même de le reproduire ; comme un roman d'action : les péripéties y sont nombreuses et le dénouement réussi ; comme une réflexion pour ceux qui veulent aller plus loin sur les méthodes des sectes, l'idéologie néo-nazie et les théories racistes professées par certains groupuscules disséminées un peu partout dans notre monde.
Elèves concernés
4ème – 3ème – lycée
Mots clés
Science-fiction – Clonage - Secte
Pistes d'écriture
1 – Les Martin ont perdu leur fils, David, et ils ont accepté ensuite qu’un clone de leur fils soit fabriqué.
Que pensez-vous de leur décision ? L’approuvez-vous ? La condamnez-vous ?
2 – David, l’enfant clone, tient un journal, où il se raconte et où il raconte sa vie dans sa famille. Imaginez quelques pages de son journal : Journal d’un clone …
Catherine Gentile
2005
Science Fiction
Roman