Un train pour chez nous
Thierry Magnier / 2001
Auteur·rice : Azouz Begag
Illustrateur·rice : Catherine Louis
Faits & gestes :
La foule de Marseille et d’Alger est une féérie,
le voyage interminable en train est magique.
C’est une invitation au jeu de la course de côte le long des rails,
et une occasion pour les marchands de verres d’eau de ravitailler les voyageurs exténués, contre des pièces jetées par les fenêtres.
Les bagages en carton sont les seuls trésors, qu’ils en deviennent précieux comme des joyaux.
L’angoisse du père est tournée en une pittoresque dérision,
et la famille nombreuse est un vrai bonheur quand on aime vivre ensemble.
Et pourtant… des images en creux sont là : misère, promiscuité, pénuries d’eau….
Retrouver son village chaque été, rituellement,
c’est bien plus que partir en vacances.
C’est voir ses parents devenir des êtres humains respectés, reconnus,
ayant un passé, une terre, un monde à eux.
Prendre le « Ville de Marseille » pour traverser la méditerranée,
c’est faire un voyage vers soi-même, c’est vouloir exister vraiment,
hors de cette cité d’adoption qui ne se souvient pas des origines.
C’est retrouver un rêve, celui de tous :
être quelqu’un, connaître la langue de ses ancêtres.
Signes particuliers :
En refermant de livre, on se sent tous un peu algérien exilé,
on a envie de l’être.
L’extrême pudeur de ce texte ne retient que les rires de l’enfance
pour raconter une épopée familiale.
Récit qui dissimule à peine tout ce qui n’est pas dit et qui pourtant va droit au cœur : la pauvreté des gens de peu qui ont un cœur grand comme ça,
un peuple fier qui s’habille de sourire et se bat pour sa survie.
Oui, c’était une période heureuse cette enfance.
Parce que c’était l’enfance, tout simplement.
Ce temps où l’aptitude à transfigurer le réel est immense.
L’histoire de l’enfance de ce jeune garçon, c’est l’enfance de nous tous.
Si l’exil ajoute une dimension si particulière ici, si le retour au pays du soleil
éclaire les trésors des années premières, c’est moins le récit de la nostalgie,
que celui de la sagesse. C’est le récit d’une quête intérieure.
C’est l’enfance retrouvée pour ne plus être jamais ignorée.
Azouz Begag, avec une extraordinaire simplicité, nous fait percevoir
combien son talent de conteur vient de cette enfance.
C’est une dette, merveilleuse, qu’on ne voudrait jamais avoir fini de rembourser.
Les illustrations vont de vieilles photos jaunies retravaillées aux couleurs ocres
et sépias, en palimpsestes d’un monde de souvenirs graphiques
au parfum d’orient et de sable.
Valérie Négrel
La foule de Marseille et d’Alger est une féérie,
le voyage interminable en train est magique.
C’est une invitation au jeu de la course de côte le long des rails,
et une occasion pour les marchands de verres d’eau de ravitailler les voyageurs exténués, contre des pièces jetées par les fenêtres.
Les bagages en carton sont les seuls trésors, qu’ils en deviennent précieux comme des joyaux.
L’angoisse du père est tournée en une pittoresque dérision,
et la famille nombreuse est un vrai bonheur quand on aime vivre ensemble.
Et pourtant… des images en creux sont là : misère, promiscuité, pénuries d’eau….
Retrouver son village chaque été, rituellement,
c’est bien plus que partir en vacances.
C’est voir ses parents devenir des êtres humains respectés, reconnus,
ayant un passé, une terre, un monde à eux.
Prendre le « Ville de Marseille » pour traverser la méditerranée,
c’est faire un voyage vers soi-même, c’est vouloir exister vraiment,
hors de cette cité d’adoption qui ne se souvient pas des origines.
C’est retrouver un rêve, celui de tous :
être quelqu’un, connaître la langue de ses ancêtres.
Signes particuliers :
En refermant de livre, on se sent tous un peu algérien exilé,
on a envie de l’être.
L’extrême pudeur de ce texte ne retient que les rires de l’enfance
pour raconter une épopée familiale.
Récit qui dissimule à peine tout ce qui n’est pas dit et qui pourtant va droit au cœur : la pauvreté des gens de peu qui ont un cœur grand comme ça,
un peuple fier qui s’habille de sourire et se bat pour sa survie.
Oui, c’était une période heureuse cette enfance.
Parce que c’était l’enfance, tout simplement.
Ce temps où l’aptitude à transfigurer le réel est immense.
L’histoire de l’enfance de ce jeune garçon, c’est l’enfance de nous tous.
Si l’exil ajoute une dimension si particulière ici, si le retour au pays du soleil
éclaire les trésors des années premières, c’est moins le récit de la nostalgie,
que celui de la sagesse. C’est le récit d’une quête intérieure.
C’est l’enfance retrouvée pour ne plus être jamais ignorée.
Azouz Begag, avec une extraordinaire simplicité, nous fait percevoir
combien son talent de conteur vient de cette enfance.
C’est une dette, merveilleuse, qu’on ne voudrait jamais avoir fini de rembourser.
Les illustrations vont de vieilles photos jaunies retravaillées aux couleurs ocres
et sépias, en palimpsestes d’un monde de souvenirs graphiques
au parfum d’orient et de sable.
Valérie Négrel
fait partie de la liste de référence du Ministère pour le cycle 3
2003
Société
Récit de vie